ISOCYANATES

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Mis à jour en 12 mai 2012

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Définition de la nuisance ou situation dangereuse

Les isocyanates sont caractérisés par la présence dans leur formule d’une ou plusieurs fonctions N=C=O qui entrent en réaction avec un polyol pour former un polyuréthane (PU). Les PU font partie des matières plastiques. Les isocyanates se distinguent entre eux par le nombre de leurs groupements isocyanates: monoisocyanates, diisocyanates, polyisocyanates. Les isocyanates les plus utilisés dans l’industrie sont : le TDI (2,4 et 2,6 toluène diisocyanate, le plus nocif en raison de sa grande volatilité), le HDI (1,6 hexaméthylène diisocyanate également volatil) et le MDI (2,4 diisocyanate de diphénylméthane). D’autres comme le NDI (naphtylène diisocyanate) et l’IPDI (diisocyanante d’isophorone) sont également rencontrés en milieu industriel. Dans le BTP, de nombreux salariés peuvent être exposés aux isocyanates par l’intermédiaire de colles, peintures, vernis, laques, résines et mousses de polyuréthane. Tous les isocyanates contenant des groupements N=C=O libres peuvent engendrer des pathologies.

On distingue

Isocyanate de méthyl

H225 H361d H311 H330 H301 H334 H317 H335 H315 H318

MDI : mélange d’isomères avec 4,4’MDI (4,4′ diisocyanate de diphénylméthane)(> 97%) et une proportion variable de 2,4 MDI et 2,2 MDI

4,4’MDI étiqueté

H351 H373 H332 H319 H335 H315 H334 H317

pMDI prépolymère est un mélange d’isomères avec 4,4′ MDI (40 à 50%) quelques % de 2,2 MDI et 2,4 MDI et 50 à 60% d’oligomères de MDI

TDI diisocyanate de toluylène étiqueté

H351 H330 H319 H335 H315 H334 H317 H412

HDI diisocyanate d’hexaméthylène étiqueté

H331 H319 H335 H315 H334 H317

IPDI diisocyanate d’isopho

Danger

Le TDI est le plus dangereux chez l’homme en raison de sa grande volatilité. La pénétration dans l’organisme se fait essentiellement par voie respiratoire sous forme de vapeurs ou d’aérosols. • Toxicité aiguë : à forte concentration les isocyanates sont des irritants puissants de la peau et des muqueuses. On retrouve des signes d’irritation cutanée (prurit, brûlure), oculaires (conjonctivite), ORL (rhinite), digestives (épigastralgies, diarrhée), neurologiques (céphalées, vertiges, trouble de la conscience, perte de connaissance) et pulmonaires dont la gravité dépend de la concentration atmosphérique du produit (toux, dyspnée, OAP). • Toxicité chronique : l’exposition répétée à des concentrations plus faibles peut être à l’origine d’une sensibilisation provoquant des allergies cutanées (rares) et respiratoires (fréquentes). – Asthme (pathologie la plus fréquente lors des expositions chroniques),pneumopathie d’hypersensibilité. – Eczéma de contact. – Blépharoconjonctivite. – kératite. – pneumopathie d’hypersensibilité. – bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO). Selon la directive 67/548/CEE (30 ième ATP directive 2008/58/CE ) le MDI et le TDI sont classés cancérogène de catégorie 3 : R40 ou selon le règlement CLP (CE) N° 1272/2008 cancérogène de catégorie 2 H351 L’isocyanate de méthyle est classé reprotoxique de catégorie 3 selon la Directive 67/548/CEE modifiée et reprotoxique de catégorie 2 selon le règlement CLP (CE) N° 1272/2008

Tâches et postes

Historique : les premiers effets pathogènes sont rapportés en 1951 (asthme aux isocyanates). Hors BTP les isocyanates sont utilisés dans l’industrie automobile, pharmaceutique, en métallurgie, dans l’industrie des textiles synthétiques, pour la fabrication d’insecticides et d’herbicides, la production d’élastomères …

Activités et situations de travail Postes de travail
Carrelage, coffrage, fondations spéciales Maçons, manoeuvres
Traitement des fissures, ragréage Carreleurs
Peinture et vernissage, Colles pour revêtements plastiques Poseur de revêtement de sols, Peintre Ravaleur
Injection et projection de mousses PU Menuisiers, Poseur de fenêtres
Isolation, étanchéité Etanchéistes
Traitement des circuits de chauffage Chauffagistes
Découpe de produits finis (panneaux de polystyrène, de polyuréthane)  

Fiches FAST liées

Niveau d'exposition

Temps : durée - fréquence

– En France, une circulaire du 5-5-86 a fixé les VLE valables pour tous les diisocyanates : VLE = 0,02 ppm et VLEP = 0,01 ppm. – Isocyanate de méthyle : VLEP = 0,05 mg/m3. – Le 4,4′ Diisocyanate de diphénylméthane : VLCT = 0,2 mg/m3, VME = 0,1 mg/m3. – Le 1,6 Diisocyanate d’hexaméthylène : VLCT = 0,15 mg/m3, VME = 0,075 mg/m3. – Le Diisocyanate d’isophorone VLCT= 0,18 mg/m3, VME = 0,09 mg/m3. – Le Diisocyanate de toluylène VLCT = 0,16 mg/m3, VME = 0,08 mg/m3.

Exposition Permanente Fréquente Intermittente Occasionnelle
% > 70 > 30 > 5 < 5
Jour > 6 heures > 2 heures > 30 mn < 30 mn
Semaine > 3 jours > 1 jour > 2 heures < 2 heures
Mois > 15 jours > 6 jours > 1 jour < 1 jour
Année > 5 mois > 2 mois > 15 jours < 15 jours

Intensité

Elle dépend entre autre des conditions de travail. La probabilité d’observer une sensibilisation aux isocyanates est d’autant plus forte que le temps de latence entre le début de l’exposition et la surveillance des premières manifestations dyspnéiques est plus court et que les concentrations atmosphériques en isocyanates sont élevées. Des inhalations répétées de fortes concentrations constituent un facteur important dans la génèse de la sensibilisation aux isocyanates.

Conditions d'exposition

Matériaux

Peintures, vernis, laques, colles, résines PU, mousses PU. Primaires d’étanchéité, ciments, mortiers.

Matériels

Pinceau, rouleau, pistolet, matériel de collage (spatule), pistolet d’injection et de projection.

Cofacteurs environnementaux

Atmosphère confinée, absence d’aspiration, température ambiante élevée (l’utilisation des produits à chaud est nocive par l’augmentation de concentration des vapeurs qu’elle entraîne).

Facteurs individuels

Les antécédents personnels ou familiaux d’atopie. Le tabac ne constitue pas de facteur de risque pour le développement d’un asthme aux isocyanates. Les dermatoses (des parties découvertes) en évolution et les allergies avérées aux isocyanates doivent inciter à la prudence, avec surveillance accrue, en cas d’exposition aux isocyanates.

Barème de décision

Critères complets

Le score obtenu par addition des différents coefficients de pondération sert de guide pour la mise en place de la stratégie de surveillance médico-professionnelle.

Conditions d’exposition Permanente Fréquente Intermittente Occasionnelle
Matériaux        

TDI – MDI – HDI – IPDI

3 3 2 1
Matériel        

Rouleau, pinceau spatule

1 1 0 0

Pistolet

3 3 2 1

Matériel d’injection

1 1 1 0
Cofacteurs individuels        

Allergie aux isocyanates

3 2 2 1
Cofacteurs environnementaux        

Absence de ventilation, espace confiné, température élevée dépassement de la VME

3 3 3 3

Critères simples

Application de peintures ou vernis par pulvérisation de façon fréquente ou permanente.

Contenu des actions

Suivi réglementaire

Suivi individuel de l’état de santé des travailleurs

• Arrêté 11-07-1977 abrogé • Décret 2001-97 du 1-02-2001 CMR : non concerné mais le TDI et MDI sont cancérogène de catégorie 3 (2 pour le règlement CLP (CE) N° 1272/2008 • Décret n° 2003-1254 du 23 décembre 2003 relatif à la prévention du risque chimique et modifiant le code du travail.

Surveillance post professionnelle

Non concernée.

Modalités du suivi individuel de l'état de santé

A l’embauche :

Visite médicale préalable aux travaux exposant (R4412-44 du CT).

Il parait logique d’être prudent à l’embauche chez les sujets porteurs de pathologies respiratoires ou cutanées évolutives et ceux ayant déjà présenté une allergie aux isocyanates.

Radiographie pulmonaire et EFR pour évaluer la fonction respiratoire et servir de référence.

• Visite périodique :

L’apparition d’un asthme ou d’une pneumopathie d’hypersensibilité impose un arrêt immédiat de l’exposition aux isocyanates.

Surveillance EFR à intervalles réguliers ou en cas d’apparition de signes respiratoires. Le dosage urinaire de la 4,4′-MDA en fin de poste permet d’évaluer l’intensité de l’exposition de la journée et des jours précédents. Il n’y a pas de valeur guide française ni aux Etats Unis. Plusieurs auteurs et l »INRS en 2007 ont proposé une valeur guide biologique à 7µg/L ou 5µg/g de créatinine, valeur arbitraire représentant le 90ième percentile de 140 analyses effectuées chez 41 opérateurs les plus exposés au MDI. Pas de valeurs guide de référence pour la surveillance biométrologique de l’exposition au TDI en France. Le dosage des TDA (2,4 et 2,6 toluène diamine) recueillis 4heures après la fin de poste serait le meilleur reflet de l’exposition du jour même. Pas de valeurs guide de référence pour la surveillance biométrologique de l’exposition au HDI en France.

Prévention

Prévention collective

Ventilation ou travail à l’air libre, aspiration des vapeurs à la source, obtention des fiches de données de sécurité.. Substitution des produits les plus dangereux

Prévention individuelle

• Information des utilisateurs des risques et des symptômes • Hygiène vestimentaire et corporelle, lavage des mains • Lunettes de sécurité • Masque respiratoire filtrant combiné anti gaz et anti aérosol(P2) ; selon les travaux masque à ventilation assistée ou masque isolant • Gants selon les produits (voir FDS) • Vêtements (combinaison) bottes

Réparation

TRG n° 62.

Secours

Secourisme : formation des secouristes (STT), s’assurer de la présence d’eau à proximité : douche et lave-oeil.

Remarques

Le décret du 23 -8-1947 modifié par le décret du 27-8-62 précise les mesures particulières relatives à la protection des ouvriers qui exécutent des travaux de peintures ou de vernissage par pulvérisation. L’article D 4121-5 du code du travail qui définit les facteurs de pénibilité inclut les agents chimiques dangereux (art R4412-30 et R4412-60 du code du travail y compris les poussières et les fumées).

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