FUMEES DE DIESEL
Les informations fournies par cette fiche sont indicatives, sans valeur légale et sans caractère obligatoire.
Définition de la nuisance ou situation dangereuse
Les gaz d’échappement des moteurs diesel sont produits par la combustion du carburant diesel. Mélange d’hydrocarbures pétroliers, sa composition varie selon l’origine des bruts dont il dérive et la nature des procédés de raffinage qu’il a subi. Les émissions des moteurs diesel sont un mélange complexe de substances gazeuses et particulaires, dont la composition dépend de nombreux facteurs : carburant, additifs, lubrifiants, caractéristiques et entretien du moteur, régime…
Les principaux polluants gazeux sont les oxydes de carbone (CO et CO2, pour le CO en moindre quantité que dans les moteurs à essence ou à gaz), les oxydes d’azote (NO, NO2), des hydrocarbures imbrûlés, aliphatiques ou aromatiques (benzène), des aldéhydes (formaldéhyde…), des oxydes de soufre. La phase particulaire est constituée de particules fines et ultrafines (PUF), de diamètre aérodynamique < 100 nm, formées de carbone élémentaire sur lequel s’adsorbent des HAP, des nitroarènes et des composés minéraux (nitrates, sulfates…). Les HAP et les nitroarènes se partagent les phases gazeuse et particulaire.
Danger
Classée cancérogène avéré pour l’homme groupe 1 par le CIRC depuis juin 2012. Non classée par l’UE.
L’exposition se fait exclusivement par voie respiratoire.
Effets aigus
- perception d’une odeur désagréable ;
- irritation oculaire, des voies aériennes supérieures, et à un moindre degré respiratoire ; syndrome d’irritation bronchique aiguë possible après exposition massive aux émissions (oxydes d’azote et de soufre, aldéhydes) en milieu confiné ;
- exacerbation d’un asthme préexistant ;
- intoxication aiguë par le monoxyde de carbone possible lors de travail en milieu confiné ; effet ischémique myocardique possible chez le coronarien.
Effets chroniques
- augmentation des symptômes de toux et d’expectoration chronique par altération des mécanismes de clairance pulmonaire ;
- atteinte de la fonction respiratoire et développement d’une BPCO non démontrés ;
- chez l’asthmatique, potentialisation de la réponse allergique et effets pro-inflammatoires participant au développement de la maladie ;
- cancer du poumon : les études épidémiologiques montrent un excès de risque modéré (SMR, OR ou RR < 1,5) chez des sujets exposés dans différents secteurs industriels, le plus souvent avec une relation dose-réponse (exposition cumulée). Le CIRC considère qu’il existe des preuves suffisantes de risque de cancer bronchopulmonaire associé aux émissions des moteurs diesel ;
- cancer de la vessie : les études de cohortes sont négatives ; le CIRC considère comme limité le niveau de preuve d’un effet cancérogène pour la vessie des émissions diesel.
A noter que la composition des émissions diesel a évolué au cours du temps, en raison des modifications de la technologie des moteurs diesel et de la composition des carburants. Ainsi, depuis 2006, la masse de particules émises aurait diminué de 90 % par rapport à la période antérieure à 1988. Le risque de cancer pulmonaire a été évalué sur la base de l’ancienne technologie d’émissions et, pour certains experts, mériterait d’être réévalué en fonction des progrès accomplis pour diminuer la pollution des moteurs actuels (concerne surtout les véhicules routiers).
Tâches et postes
Activités et situations de travail | Postes de travail |
---|---|
Travail en milieu confiné : tunnel, dépôt, souterrain, sous-sol… | Tunnelier, magasinier, … |
Travail à proximité des engins | Ouvrier routier |
Entretien et dépannage des camions et engins | Mécanicien TP |
Conduite d’engins, de camions … | Conducteur d’engins, chauffeur PL… |
Travail à proximité d’un compresseur, générateur en milieu confiné | Métiers du BTP |
Niveau d'exposition
Temps : durée - fréquence
Exposition | Permanente | Fréquente | Intermittente | occasionnelle |
---|---|---|---|---|
% | > 70 | > 30 | > 5 | < 5 |
Jour | > 6 heures | > 2 heures | > 30 mn | < 30 mn |
Semaine | > 3 jours | > 1 jour | > 2 heures | < 2 heures |
Mois | > 15 jours | > 6 jours | > 1 jour | < 1 jour |
Années | > 5 mois | > 2 mois | > 15 jours | < 15 jours |
Intensité
Pour la phase gazeuse : VLEP et /ou VLCT pour certains gaz constituants les fumées : monoxyde de carbone, monoxyde d’azote, dioxyde de carbone.
VLEP CO : 50 ppm 55 mg/m3
VLEP NO 25 ppm 30 mg/m3
VLCT NO2 3 ppm 6 mg/m3
VLEP CO2 : 5000 ppm 9000 mg/m3
Pour la phase particulaire :
La mesure du carbone élémentaire, choisi comme traceur, permet une évaluation quantitative de l’exposition aux particules diesel.
VLEP réglementaire mesurée sous forme de carbone élémentaire =0,05mg/m3 (applicable au 21 février 2023 ; sauf pour les secteurs de l’extraction souterraine et du creusement de tunnels où la VLEP s’appliquera au 21 février 2026)
Deux TRK (valeurs guides allemandes) appliquées en Autriche et en Suisse exprimées en carbone élémentaire : (METROPOL)
- Mines souterraines et travaux souterrains : 0,3mg/m3 ou 300µg/m3
- Travaux à l’air libre : 0,1 mg/m3 ou 100 µg/m3
Ces valeurs s’appliquent à la fraction alvéolaire de l’aérosol.
Conditions d'exposition
Matériaux
La composition du carburant diesel varie selon les matières premières de pétrole brut, les processus de fabrication, de mélange, les additifs et lubrifiants.
La concentration des différents constituants émis dépend de nombreux facteurs, notamment, le type de moteur, la qualité de l’entretien du moteur, le type de carburant utilisé, le régime du moteur et la présence d’un dispositif de dépollution.
Matériels
Moteur diesel (engins, PL, VL) compresseur, générateur
Cofacteurs environnementaux
Milieu confiné, travaux souterrains en galerie, tunnel…
Conditions météorologiques.
Barème de décision
Critères complets
Les coefficients de pondération s'additionnent : proposition d'action médicale renforcée pour un total supérieur ou égal à 5.
Conditions d’exposition | Permanente | Fréquente | Intermittente | Occasionnelle |
---|---|---|---|---|
Engins : | ||||
PL | 3 | 3 | 2 | 1 |
Compresseur, Générateur | 3 | 3 | 2 | 1 |
Cofacteurs individuels | ||||
Pathologie respiratoire | 1 | 1 | 0 | 0 |
Pathologie cardiaque | 1 | 1 | 0 | 0 |
Tabac | 1 | 1 | 0 | 0 |
Cofacteurs environnementaux | ||||
Milieu confiné | 3 | 3 | 2 | 1 |
Critères simples
Milieu confiné. Véhicule mal entretenu. Absence de filtre à particule.
Contenu des actions
Suivi réglementaire
Suivi individuel de l’état de santé des travailleurs
Suivi individuel renforcé : non concerné (Décret 2016-1908 du 27 décembre 2016, Art R. 4624-23 du CT).
CIRC groupe 1 mais non concerné par la réglementation CMR de l’UE
L’employeur a la possibilité de déclarer, en cohérence avec son évaluation des risques retranscrite dans son DU, les postes présentant des risques particuliers pour la santé ou la sécurité du travailleur après avis du médecin du travail, du CHSCT ou à défaut des DP s’ils existent.
Travaux interdits
Travaux interdits aux moins de 18 ans : Décret 2013-915 du 11 octobre 2013 : non concerné.
Travaux interdits aux salariés en CDD (contrat à durée déterminée) et aux salariés temporaires (D4154-1 du CT) : non concerné
Surveillance post professionnelle
Arrêté du 6 décembre 2011 modifiant l’arrêté du 28 février 1995 : non concerné
Modalités du suivi individuel de l'état de santé
Proposition de suivi individuel de l’état de santé :
Visite d’information et de prévention initiale
- Réalisée par un professionnel de santé (infirmier en santé travail, collaborateur médecin, interne en médecine du travail, médecin du travail) selon le protocole établi. Dans les 3 mois suivant l’affectation au poste, ou avant l’affectation pour les travailleurs de nuit et les jeunes de moins de 18 ans hors risques soumis à dérogation. Orientation systématique vers le médecin du travail pour les femmes enceintes, les travailleurs reconnus handicapés, en invalidité ou si l’âge, l’état de santé, les conditions de travail et/ou les risques professionnels le nécessitent.
- Accorder une attention particulière aux personnes atteintes de pathologies respiratoires ou cardiaques
- Examens complémentaires : EFR systématique
- Information sur le risque, sur les moyens de prévention et sur le suivi médical
- Information sur le tabagisme, aide au sevrage tabagique
Périodicité de la Visite d’information et de prévention
- Réalisée par un professionnel de santé (infirmier en santé travail, collaborateur médecin, interne en médecine du travail, médecin du travail) selon le protocole établi. Au maximum tous les 5 ans ou au maximum tous les 3 ans pour les travailleurs reconnus handicapés, en invalidité, les travailleurs de nuit ou si l’âge, l’état de santé, les conditions de travail et/ou les risques professionnels le nécessitent.
- Rechercher des signes d’irritation oculaires, ORL et respiratoires.
- Rechercher des pathologies respiratoire (asthme, BPCO) et cardiaque (Angor)
- EFR à renouveler en tenant compte des données de l’interrogatoire et de l’examen clinique éventuel.
- Bandelette urinaire à la recherche d’hématurie.
- En l’absence de recommandations, un suivi RP et /ou TDM thoracique n’est pas préconisé à titre systématique.
- Information sur le risque, sur le tabagisme, aide au sevrage tabagique
Traçabilité des expositions:
Renseigner le dossier médical individuel
Prévention
Prévention collective
Prévention commune aux ACD (article 44-12-1 à 44-12-57 du CT).
Utiliser des moteurs électriques quand c’est possible
Modifier la disposition de l’aire de travail afin de séparer les zones où les employés travaillent des zones où le gaz d’échappement est produit, par exemple : isoler le générateur dans un endroit séparé et aéré
Privilégier l’utilisation d’engins, de véhicules ou de matériels récents, dont le moteur est de plus faible taux d’émission.
Utiliser des systèmes de traitement des gaz d’échappement, comme des filtres à particule ou des convertisseurs catalytiques, y compris pour les matériels récents. Les entretenir.
Effectuer la maintenance des moteurs afin de contribuer à leur efficacité, s’assurer de l’absence de fuite de gaz d’échappement dans la cabine.
Contrôler régulièrement les rejets à l’échappement des engins.
Ventiler les zones de travail, notamment au moyen de la ventilation à pression positive (tunnel), d’appareils d’extraction des gaz d’échappement (aspiration à la source dans les ateliers), de la ventilation générale.
Eloigner les salariés travaillant à proximité des engins et PL
Travailler cabines et fenêtres fermées
Prévention individuelle
En espace confiné : appareil de protection respiratoire à ventilation assistée (TM3P ou TH3P)
Réparation
➡ TRG n° 64 : intoxication professionnelle par l’oxyde de carbone
Remarques
Décret 2003-12-54 du 23 décembre 2003 relatif à la prévention du risque chimique et modifiant le code du travail : concerné.
Pour en savoir plus
➡ Prévention des expositions liées aux émissions des moteurs thermiques. ED 6246 de l’INRS-avril 2016
➡ Prévenir les risques liés aux gaz d’échappement. Dossier INRS septembre 2017